Assise dans un confortable fauteuil en cuir beige, du Starbucks le plus central de la ville, buvant un Earl Grey Alto, avec Hosier et son fameux « Take me to Church » dans les oreilles, je réfléchis aux différentes possibilités de stratégie marketing d’un de mes clients. Les gens entrent et sortent, enchainant réunions, rendez-vous, break post-gym, petit-déj’ pré-boulot, muffins et lattés.
Je suis autoentrepreneur, ou dans le pays dans lequel je vis « Personne physique avec activité commerciale », mes cartes de visites, n’ont pas de titre, CEO de moi-même c’est un peu prétentieux, mais mon profil LinkedIn lui, commence par-là : « CEO & Founder », ça claque, hein ? J’ai le même titre que Marc Zukckenberg, mais pas (encore) son compte en banque !
Je me suis lancée il y a quelques mois. J’étais déjà à bout de souffle de plusieurs années de travail acharné, de négociation, stratégie, option de carrière et décisions. Autrement dit, générer du pognon pour les autres. Un concept devenu inconcevable. Dans l’ère du capitalisme en crise, je souhaite que mes efforts retombent directement dans ma poche, alors je me suis lancée… sans capital, sans économie et sans sécurité… ARE YOU FUCKING CRAZY ? Et non, juste en recherche de moi-même, d’adrénaline et de boule au ventre ! Ça fait peur, la pression est énorme, les nuits blanches aussi, mais l’excitation et la fierté de la réussite incomparables … Il y a des mois á zéro et des moments de doutes, beaucoup de doutes, des clients qui ne paient pas à temps, des factures à payer (j’ai bien essayé de planter un arbre á argent, mais j’attends toujours !)… La sécurité de l’emploi c’est quand même bien… oui, mais NON. LIBERTE, je n’avais jamais vraiment assimilé le concept et le sens fort de ce mot avant de découvrir ce nouveau statut profesionnel, mais ce qui m’a conforté dans l’idée de me lancer c’est le Mexique, ses habitants et sa culture…
Loin de la pression sociale de réussite post école de commerce, du syndrome de Bridget Jones et du système économique stricte et freinant Européen, je suis libre, libre de la société, libre de me planter, libre de réussir où je veux et quand je veux, libre de sourire et de fêter tout et rien, même mes défaites, libre de dormir la nuit même si je ne sais pas comment je vais finir le mois, libre de partir en vacances quand je veux, libre de toute hiérarchie, libre de mes propres décisions, libre de moi-même, libre du jugement des autres …
Libre de ce qu’impose la société, le gouvernement, la corruption et j’en passe, clairement, la plupart des gens ici en rigole ou en ignore les règles, ce qui rend les choses forcément plus facile…
Le gouvernement nous taxe plus ? On trouvera un moyen de le contourner. Une nouvelle loi, à l’encontre des employés ? On montera notre boite. Une interdiction quelle qu’elle soit ? Oui, si vous voulez, mais on n’en tiendra pas compte ! Tout est dans la mentalité, le non-souci des contraintes, la culture du « te préoccuper, ne règlera pas ton problème ».
« Todo es posible en Mexico », et oui c’est vrai, « Tout est possible au Mexique », une solution à chaque problème, une fête à chaque occasion, de la musique à chaque coin de rue, des gens qui vivent, la tristesse ne dure pas ici, la déprime existe peu, l’optimisme est roi, et le stress est quasi-invisible. Libertad … ne jamais se sentir emprisonné d’un système, d’une situation, être libre.
Et c’est quoi pour toi, la liberté ?