Ava a 13 ans, elle passe l’été avec sa mère au bord de l’océan, condamnée à se faire cuisiner au sujet de sa puberté bouillonnante, et à écouter les anecdotes de l’auteur de ses jours en matière de sexualité. Ce qui s’annonce comme des vacances gentiment reloues tourne au drame quand Ava apprend qu’elle va très prochainement devenir aveugle et qu’elle voit pour la dernière fois la lumière mordoré de la saison estivale.
Les yeux dans les yeux.
Ava, le premier film de Léa Mysius (que nous avions déjà évoqué) pourrait n’être qu’un de ces mélos implacable, un récit édifiant en totale opposition avec le désir de se délasser susceptible de nous maintenir loin des salles obscures qui point en ce moment. Et on aurait pourtant bien tort de ne pas se précipiter découvrir Ava, tant ce premier long-métrage se mue en ode bouleversante à la vie et à ses élans, plutôt qu’en chronique amère.
Ava veut tout voir avant les ténèbres et laisse libre court à ses coups de tête, coups de gueule, mais aussi coups de cœur. Et la réalisatrice d’orchestrer une incroyable rencontre entre celle qui n’est plus tout à fait une gamine et un jeune gitan dans le collimateur de la police. Peut-on filmer les corps d’adolescents, la naissance du désir, la terreur de l’abandon et la poursuite de la sensualité ? Léa Mysius y répond avec une grâce tétanisante, une mise en scène dont la beauté nous laisse bouche bée.
Il fallait une audace folle, un courage implacable mais surtout une délicatesse d’une précision incroyable pour parvenir à enregistrer sur pellicule ces émois, sans jamais verser dans le voyeurisme ou un registre fantasmatique malvenu. La dignité avec laquelle la caméra s’attarde (ou se détourne) des peaux, des regards, comment elle habille ses héros juvéniles d’une énergie fragile et dévorante confine au tour de force.
Drama Queen
Carte du tendre en devenir, drame embryonnaire, promesse d’une nuit éternelle, Ava est aussi une déclaration d’amour au cinéma, comme le prouve le découpage inspiré de la réalisatrice, qui dès sa première séquence, nous offre une débauche de plans à la photo digne d’un festin, des images composées avec soin.
De là, va jaillir une incroyable invitation au romanesque, alors qu’ Ava et Juan s’embarquent pour une virée de mini-Bonnie & Clyde, en direction d’un terrain imaginaire, d’un bac à sable visuel aux airs de salle de projection mentale. Avec leur fusil à air comprimé, leur bécane et leur toutou, ils recomposent un rêve de 7ème Art sans cesse renouvelé, une fuite romanesque qui paraît ne jamais devoir s’arrêter.
Ava ne marque pas la fin de l’innocence, il la proclame avec un appétit insatiable et annonce un ouragan de lumière zénithale qui pourrait bien ne pas s’interrompre.
Simon, c’est la caution ciné de BOBONNE ! Rédacteur en chef du site Ecran Large depuis deux ans, Simon mange, boit et rêve cinéma ! Son péché mignon ? Les films bizarres et mal élevés !