Chaque mois, nous livrons nos coups de coeur rien que pour vous. Le meilleur de la culture mode et féministe, c’est ici !
La sélection culture du mois de mars
L’EXPO – Margiela/Galliera, 1989-2009
Cette rétrospective évènement est exceptionnelle à plus d’un titre. Dabord, parce qu’elle marque la première fois que le créateur belge de 60 ans, Martin Margiela, s’expose en France (pourtant il n’y avait que la frontière à traverser). Ensuite, parce qu’à travers les 130 silhouettes, archives vidéos de défilés, photos et installations spécialement conçues qui composent l’exposition Margiela / Galliera, ce sont les coulisses de la Haute couture qui se dévoile dans l’un des plus beaux espaces muséales parisiens. Des dessous rock, voire carrément effrontés ! Et ce, puisque les vêtements de celui qui fut l’assistant de Jean-Paul Gaultier dans les années 1980, ont paradés dans des lieux insolites tels que des parkings, des stations de métro ou encore des entrepôts. De robes en trompe-l’œil en chaussures inspirées des socquettes tabis traditionnelles japonaises, Margiela interroge l’obsolescence de l’habit avec sa ligne « Artisanale », cousue main. De même qu’avec sa série « Replica » constituée de fripes chinées qu’il reproduit à l’identique, il fait revivre autant de classiques intemporels dont on ne se lasse pas.
Le Bonus : Le Street Art au féminin avec Iota / Anthea Missy / Soaz / Zouwi
Parce que mars est le mois où s’inscrit la journée de la femme (le 8 pour ceux qui l’auraient oublié!), le Centre Culturel belge d’Anderlecht programme une exposition collective de quatre artistes avec un grand E dedans. Un quatuor de virtuoses aux inspirations et aux techniques multiples ! Du graffiti au collage, de la peinture sur toile à la bombe en passant par des installations interactives et des ateliers privilégiant l’échange entre les artistes et leur public.
LE FILM – La forme de l’eau
A l’image de La La Land l’an dernier, La forme de l’eau promet de remporter un déluge de récompenses, voire un raz-de-marée. Lauréat du Lion d’Or, distingué deux fois aux Golden Globes, repartis avec trois statuettes des BAFTA et nommé dans treize catégories aux Oscars (autant que Forrest Gump et Autant en emporte le vent en leurs temps !), le dernier-né du réalisateur mexicain Guillermo del Toro remporte tous les suffrages. La critique est dithyrambique : c’est un chef-d’œuvre. Tant par son esthétique que par le jeu de ses acteurs, bluffant, particulièrement celui de l’actrice principale Sally Hawkins. Aperçue dans Blue Jasmine ou plus récemment dans le film d’animation Paddington, elle incarne ici une femme de ménage muette qui se lie d’amitié, puis d’amour, avec une créature aquatique subissant la cruauté d’expériences scientifiques. Romance surnaturelle cédant parfois à quelques facilités de scénario, La forme de l’eau est avant tout une ode aux parias, aux rejetés et autre oubliés de la société. Qui n’en demeure pas moins une prouesse technique émaillée de fulgurances cinématographiques. Bref, on aime un peu, beaucoup, passionnément, à l’amphibie !
LA PIECE DE THEATRE – 85B
Rire de sa maladie, c’est important. C’est lorsqu’on peut le faire que l’on sait qu’on est enfin guérie, du moins mentalement. Chloé, alias Mélisse Magny, le fait tous les jeudis soirs sur les planches de la Folie Théâtre. Avec ce petit grain d’euphorie, ce bout de femme courageuse nous accueille dans sa cuisine. Et pendant qu’elle concocte son repas de fête, célébrant « l’ère du renouveau », elle nous raconte l’histoire de son cancer. Du sein. A seulement 28 ans. Une atteinte à sa féminité mais pas à sa joie de vivre ni à son humour, qu’elle nous communique sans retenue ni complexe. De l’épreuve de la mammographie à l’annonce du diagnostique qui tombe comme un couperet, elle ne nous épargne rien et balaie les tabous avec finesse par d’adroits subterfuges – des ombres chinoises, un chou qui parle, une louche qui ausculte… Un seule-en-scène de 60 minutes, écrit et imaginé par Delphine Bernard, dont on ressort hors d’haleine mais avec l’envie de vivre son existence à fond. Un vrai marathon d’émotions qu’il faut courir voir sans hésitation.
Réservations ici – Bande annonce ici
LE CONCERT – Festival Les femmes s’en mêlent
On vous l’a dit plus haut, s’il y a bien un mois dans l’année qui se voit dédié à la femme (bien qu’une reconnaissance mensuelle ne suffise pas, la femme se doit d’être honorée 365 jours par an !), c’est bien le mois de mars. Par conséquent, afin de révérer la scène musicale féminine indépendante, le festival Les femmes s’en mêlent revient pour une 21ème édition à La Machine du Moulin Rouge. Trois jours de découvertes sonores, de rencontres humaines et d’échanges culturels portés par une programmation aussi foisonnante qu’époustouflante. L’alternative de Findlay, l’électro world soul de Kami Awori, le blues/folk de Mélissa Laveaux ou encore l’association (d)étonnante de l’écrivaine Virginie Despentes et du groupe post-punk Zëro… Vous le voyez, les horizons sont variés. A l’image des femmes qui incarnent ce festival unique en son genre.
Pass 2 jours à 40 euros et entrée libre le 15.
LE LIVRE – Minute Papillon !
Un peu comme Gilles Legardinier ou Agnès Martin-Lugand, Aurélie Valognes aime les tranches de vie farfelues, les profils atypiques et les peintures familiales aussi implosantes qu’explosives. Après Mémé dans les orties (histoire d’un octogénaire acariâtre finalement apprivoisé par une jeune fille ainsi qu’une vielle dame geek hautement rafraîchissantes) et En voiture Simone ! (chronique d’une tribu patchwork mais attachante), la romancière récidive avec un troisième best-seller social au titre injonctif, Minute papillon ! Obéissons et posons-nous donc un instant pour résumer la situation : celle d’une mère célibataire de 36 ans, Rose, qui, après avoir perdu son père et son emploi, doit à présent accuser le départ de son garçon majeur qui quitte le bercail. Pour contrer la solitude, cette ex-nounou s’engage alors au service d’une douairière aisée et de sa fille tyrannique. Un trio infernal qui, au final, ne se révélera pas si foutu que cela. Un « feel good book » qui se lit sans difficulté et se passe ensuite de main en main, entre copains/copines. Car c’est aussi cela l’autre plaisir de la lecture : le partage.
De Aurélie Valognes – Edition Mazarine