Je ne suis pas un homme facile, le premier long métrage d’Éléonore Pourriat, nous projette dans un monde où les femmes dominent les hommes depuis toujours. Nous y allions à reculons, verdict.
La bonne surprise
Éléonore Pourriat nous propose avec Je ne suis pas un homme facile la version longue du court métrage « Majorité opprimé”. Le synopsis ? Damien, quadra séducteur et sexiste – la représentation parfaite de ce que le patriarcat à fait de meilleur pire – se retrouve plongé dans un monde dominé par les femmes. Le décor est planté.
Un film français traitant d’un sujet aussi délicat : nous n’étions pas convaincues. Il est si facile de tomber dans le cliché, ou la lourdeur lorsqu’il s’agit de sujets sociétaux (Coucou « Épouse-moi mon pote ») que nous avions peur que cette cause si noble qu’est le fémisme soit tournée en dérision ou mal traduite.
Mais non. Je ne suis pas un homme facile, nous offre un vrai miroir de la société actuelle quant aux inégalités hommes-femmes en mettant en scène des situations courantes de la vie (d’une femme). Notre héros Damien, coureur de jupon invétéré et fier de l’être dans SON monde, se retrouve pris de pitié et jugé par ses pairs dans un monde matriarcal ou son père le tanne de se marier et de faire des enfants. Une situation hallucinante pour un homme qui n’a jamais eu à justifier ses choix de vie.
Tous les sujets sont traités
La précision avec laquelle la réalisatrice nous plonge dans cette inversion des valeurs est assez impressionnante. Les moindres détails nous amènent à réfléchir : la représentation de l’homme dans la publicité, par des jeunes garçons imberbes et sans expression, la majorité écrasante de femmes cadres en entreprise, les plaintes pour harcèlement auprès des sénatrices, dans un jeu de cartes les reines l’emportent sur les rois, les hommes s’épilant le maillot et bien évidemment nous sommes dans une France où le chef de l’Etat est une femme.
> > > > Lire l’article » Où en sommes-nous sur le droit des femmes en France » < < < <
L’international ou encore les religions ne sont pas épargnés puisqu’on entendra parler de « talibanes », de « marraines de la drogue au Mexique » et nous y verrons des hommes voilés se faire refuser un café.
Un bémol cependant en ce qui concerne cette multitude de sujets traités. Même si l’intention est noble et que nous nous réjouissons de l’exhaustivité dont fait preuve la réalisatrice, cela donne un peu de lourdeur au scénario et peut brouiller le message.
Retournement de situation
Si tout d’abord Damien (Vinvent Elbaz) est stupéfait par le monde dans lequel il se réveille et peine à accepter la perte de ses privilèges masculins, notre quadra sexiste va naturellement se ranger du côté des féministes ou plus exactement des masculinistes dans son nouveau monde. Refusant d’abdiquer, (on n’enlève pas l’influence de 40 années de patriarcat exercé sur un individu aussi vite) Damien va trouver un adversaire de taille, son alter-ego féminin dans ce monde parallèle, divinement joué par Marie-Sophie Ferdane et perdre peu à peu ses barrières.
Voudrions-nous de ce monde ?
Qu’il est jouissif de voir les hommes en difficulté par le simple fait d’être un homme ! Qu’il est jubilatoire de pouvoir enfin leur dire : « VOILÀ, tu comprends maintenant ? »
Oui, mais malheureusement le sexisme existe encore et tout comme dans notre vie, il n’est pas désuet. La projection d’un monde matriarcal (cool) mais toujours inégal (pas cool) ne nous séduit pas. Intelligent, drôle, politique et engagé, Je ne suis pas un homme facile est la démonstration qu’une inversion des rôles dans les rapports hommes-femmes est tout aussi effrayante que l’est notre réalité.
2 comments
J’ai adoré le teaser
Du coup tu me donnes envie de foncer regarder!!
Je vais me laisser tenter ce weekend tiens :p
Oui n’hésite pas ! Tu y trouveras forcément ton compte 🙂 Bon visionnage !