Bobonne a rencontré Aurélie Jean, docteur en sciences et entrepreneuse. Brillante, chic et féministe, Aurélie Jean Phd casse le stéréotype de la scientifique en blouse blanche dans son laboratoire. La jeune femme vit entre Paris et New York et jongle entre sa casquette d’entrepreneur et son sujet actuel de recherche : les biais algorithmiques. Portrait !
Qui es-tu Aurélie ?
Je suis scientifique en numérique et entrepreneuse. De formation, j’écris des modèles mathématiques que j’implémente dans des codes de calcul pour simuler des phénomènes de la réalité pour répondre à des questions, faire des prédictions, et comprendre des mécanismes. Aujourd’hui je partage mon temps entre mon travail de conseil, ma recherche, l’enseignement et l’écriture.
L’IA peut faire de belles choses comme des mauvaises. Le plus important est que tout le monde comprennent les tenants et les aboutissants de cette révolution…
Quel est ton rapport à l’univers scientifique ? Tu es tombée dedans quand tu étais petite ?
Mon grand-père m’a donné le goût pour les sciences, quand j’avais 7 ans je voulais être chercheur, je ne savais pas vraiment ce que ca voulait dire mais j’avais en tête une personne en blouse blanche qui cherchait à découvrir des choses nouvelles (rires…) !
Mes grand-parents ont toujours sollicité ma curiosité et me donnait souvent des explications des phénomènes de la vie courante, comme pourquoi l’eau bout, comment se créent les arcs-en-ciel… les sciences ont toujours été pour moi un moyen pour comprendre notre monde.
Etre féministe est à mes yeux être une femme ou un homme qui se bat pour atteindre une égalité de genre sur les questions de droits, de salaires, de chances de réussite en général.
Tu te considères plutôt comme une femme qui fait de la science ou une scientifique qui est une femme ?
J’adore cette question ! Je dirais une scientifique qui est une femme. Le genre n’est pas forcément la première chose qui me vient à l’esprit, alors que ma passion oui.
Quelle féministe es-tu ?
Une féministe ouverte qui aime les hommes (rires…) ! Je dis ça car je vois aujourd’hui une incompréhension de ce terme qui est à mes yeux un très joli mot mais qui est détourné par certains.
Etre féministe est à mes yeux être une femme ou un homme qui se bat pour atteindre une égalité de genre sur les questions de droits, de salaires, de chances de réussite en général. Mon grand-père qui m’a élevée était féministe, j’imagine que ça a dû avoir un effet sur moi (rires…) !
Les scientifiques sont, je pense, les premiers à encourager les filles à aller dans ces filières!
La science et la technologie sont des univers très masculins. Cela vient-il d’une idée préconçue véhiculée par la société (les hommes et la science, les femmes et les lettres) ou le monde scientifique est-il macho ?
Vaste question ! C’est un phénomène complexe. Il y a des stéréotypes qui sont véhiculés à la maison, parfois à l’école, dans le milieu professionnel, entre adultes… Ayant été élevée dans un milieu très ouvert et d’une grande tolérance, j’ai parfois du mal à comprendre la propagation des stéréotypes.
Je pense sincèrement que le monde scientifique est beaucoup moins macho que la société vis-à-vis des sciences. Les scientifiques sont, je pense, les premiers à encourager les filles à aller dans ces filières! J’essaie au mieux de reprendre mon entourage dès que je suis témoin de ce genre de stéréotype.
Ton dada, c’est l’IA. A quel niveau l’IA aura un impact sur notre futur : allons-nous vers une révolution technologique comme nous avons eu une révolution industrielle ?
Nous sommes déjà dans cette révolution. L’IA peut faire de belles choses comme des mauvaises. Le plus important est que tout le monde comprennent les tenants et les aboutissants de cette révolution afin de mieux cerner les enjeux, les opportunités mais aussi les dangers.
C’est pour ça que j’essaie au mieux d’expliquer de façon intelligible des concepts scientifiques auprès du grand public. Nous devons sortir d’un certain obscurantisme intellectuel afin de faire bénéficier à tous des retombées positives de l’IA.
Tu parles dans l’article que tu as écrit pour 1instant.fr du lien très étroit qui existe entre la mode et l’intelligence artificielle et son utilisation pour une mode plus éthique. Beaucoup de femmes souhaiterait acheter des produits plus responsables mais c’est largement au dessus de leurs moyens même avec une consommation réduite. Penses-tu que l’IA peut avoir un impact là-dessus à terme ?
Comme je le décris dans 1nstant, l’IA peut démocratiser l’accès à une mode plus éthique et cela passera par une modification de nos habitudes. L’IA peut aider en fournissant aux acteurs de cette industrie des métriques qui leurs permettent de mieux se responsabiliser face aux dangers qui menacent la planète, en traquant la consommation d’eau, en optimisant la production et en communiquant ces mesures aux consommateurs.
Le genre n’est pas forcément la première chose qui me vient à l’esprit, alors que ma passion oui.
Christine Lerche Le Bee, la rédactrice en chef d’1nstant a eu l’idée de ce papier, elle est visionnaire et comprend comment l’IA peut nous aider à mieux vivre ! Je lui dis merci !
Que voudrais-tu dire à toutes les jeunes filles qui ont des difficultés avec les maths ? (comme Bobonne)
J’adore la citation du scientifique John Von Neumann “En mathématiques, on ne comprend pas les choses, on s’y habitue” à méditer… (rires…) !
Un grand merci à Aurélie Jean qui a pris le temps de réaliser cette interview entre deux avions ! Tu m’as presque réconciliée avec les maths (rires…) !