Élu avec plus de 55 % des voix, Jair Bolsonaro est le nouveau président brésilien. Après une campagne sous le signe de la violence puisque le candidat s’est fait poignarder et son concurrent s’est fait emprisonner (ambiance), le candidat raciste, homophobe et misogyne d’extrême droite (oui tout ça en une seule et même personne) est sorti vainqueur. Que propose-t-il dans son programme et quel avenir pour les femmes au Brésil ?
Un contexte économique et politique difficile et une hausse de la criminalité
L’économie
Non que je veuille justifier le vote des brésiliens pour Jair Bolsonaro, mais il est quand même important de replacer le contexte de ces élections. Depuis plusieurs années, le Brésil traverse une forte crise économique (une baisse de 4% du PIB entre 2015 et 2016) et affronte une hausse de la criminalité impressionante.
La violence
En 2017, 64 000 homicides ont été recensés, en hausse de 3,7% par rapport à 2016. Le trafic de drogue et les guerres entre cartels de narcotrafiquants pour le contrôle des territoires et marchés en sont les causes principales. Si la plupart des victimes sont des hommes, le rapport révèle une augmentation de 6% des meurtres de femmes en 2017, par rapport à l’année précédente. 1 133 femmes (sur 4539 femmes tuées) ont été victimes de féminicide. Rassurant.
La corruption
Au contexte économique et violent du pays s’ajoute une perte de confiance de la population vis-à-vis de la classe politique hautement corrompue. Les derniers représentants à la plus haute fonction du pays avaient essuyé de nombreux scandales menant à la destitution de la Présidente Dilma Rousseff (Parti Travailleur) en 2016.
Selon lemonde.fr, « le motif principal de la destitution de la présidente est une manipulation comptable, appelée « pédalage budgétaire ». Elle aurait permis à Dilma Rousseff de masquer la réalité du déficit budgétaire du pays, aidant à sa réélection en 2014. Mais c’est en réalité l’ensemble de sa politique, ses erreurs tactiques, ses défauts personnels et son incapacité à gouverner qui ont été mis en avant lors de son procès ».
L’ancien vice-président de Dilma Rousseff (le président sortant actuel), est officiellement devenu chef d’Etat immédiatement après le scrutin. Lula, le prédécesseur de Rousseff et candidat aux élections de 2018, sera emprisonné pour corruption et remplacé par Fernando Haddad venant également du Parti Travailleur. Un joli bazar.
Ce sont des brésiliens à bout de souffle, inquiets et à court de véritable alternative qui sont allés voter ce weekend.
Et pourtant, n’y avait-il pas de meilleur choix que Jair Bolsonaro ?
Jair Bolsonaro, ancien Capitaine de l’armée de terre à la carrière militaire controversée entre en politique en 1990 comme député fédéral à Rio de Janeiro.
Homophobe, raciste, etc.
Tout au long de sa carrière il se forge la réputation d’un homme homophobe et raciste. Il affirme également être opposé à l’idée d’un état laïc (« Dieu au-dessus de tout ») et un fervent défenseur de la famille (très) traditionnelle.
Enfin, il n’a pas hérité du surnom de « Trump tropical » par hasard puisqu’il est favorable aux armes à feu. La solution évidente à la violence qui accable son pays selon Jair Bolsonaro.
Et bien évidemment, pour compléter le tableau, le futur président du Brésil est un misogyne notoire.
Bolsonaro et les femmes
Le futur Président tient à son palmarès de belles perles machistes et sexistes. Mais la plus notoire reste celle à l’encontre de sa propre fille : « J’ai cinq fils. Quatre sont des hommes et, pour le dernier, je me suis planté et une femme a vu le jour ». Merci papa !
Et ce n’est que la face visible de l’iceberg. Evidemment c’est un Jair plein d’amour et de tendresse pour sa fille et en faveur « d’un gouvernement juste pour tous et toutes » qui a fait campagne (comme quoi, les campagnes électorales, ça vous change un Homme).
Un grand nombre de brésiliennes ont tenté de renverser la vapeur. Elles ont investi à plusieurs reprises les rues du pays en scandant un « Ele Nao » (« pas lui ») plein d’espoir. Quant aux autres elles ont été séduites par le point fort de la campagne Bolsonaro : l’insécurité.
Aussi, une grande partie de la gent féminine a laissé passer les opinions du candidat en matière d’avortement ou d’égalité des salaires et a vu en lui le sauveur et protecteur tant attendu.
Un programme peu réjouissant pour les femmes tous.
Fervent admirateur du principe plutôt sympa de dictature (et de torture sous la dictature, évidemment) Jair Bolsonaro souhaite, dans les quatre années à venir, intervenir à plusieurs niveaux pour redorer l’image de son pays. Un peu d’ordre, que diable !
Il fera donc de l’insécurité sa priorité (au départ ce n’est pas une mauvaise idée comme priorité). En augmentant la présence physique policière et militaire sur le territoire et en leur donnant également plus de pouvoir (militaires au gouvernement, policiers immunisés en cas de bavures. Chouette! ). Il armera aussi tout le monde (la population) pour plus de sécurité (et d’ambiance, « Samba! »).
Par ailleurs, il souhaite remettre les valeurs chrétiennes au centre de l’éducation. Dans le but, bien entendu, de ne surtout pas entendre parler de genre ou d’homosexualité, hallelujah. En matière d’économie, il prendra une orientation ultralibérale.
Enfin, concernant l’environnement, nous pourrions résumer les mesures à venir comme une destruction programmée de la planète (#pachamama!). Ce qui en soi n’est pas stupide, lorsqu’on veut se débarrasser des minorités gênantes et des opposants .
Et les femmes, me direz-vous ?
Eh bien, puisqu’il considère qu’elles sont sur terre dans le but principal de procréer, pourquoi leur donner plus de liberté, de droits ou de considération ?
Si son programme ne fait aucune mention du droit à l’avortement, le candidat d’extrême-droite a promis de lutter contre tout éventuel assouplissement de la loi (ben voyons!). Dans le pays, l’IVG est autorisée seulement en cas de viol, de risque pour la santé de la mère ou de grave malformation du cerveau du fœtus.
Bref de bien belles valeurs guidées par un charmant monsieur !
N’oublions pas que la devise du Brésil est « ordem e progresso » soit « l’ordre et le progrès ».