Il n’y a pas un jour sans que j’entende une remise en question de l’existence même du féminisme. Que l’on parle du terme « féminisme », de son sens ou encore de l’utilité même du mouvement. Parlons-en.
Bobonne croit en l’égalité. Et en tant que femme, de classe moyenne, ayant fait des études, hétérosexuelle et blanche, on pourrait croire que je n’ai pas à me plaindre. Effectivement. Et pourtant.
Les privilèges
Bien sûr, je n’ai pas à me plaindre, je n’ai jamais connu de grandes inégalités dans ma vie. Je me considère comme privilégiée, ce qui n’empêche pas la vie de nous mettre quelques obstacles par-ci, par-là histoire de la pimenter un peu. Je n’ai jamais été discriminée pour ma couleur de peau, je n’ai jamais eu à affronter les regards, les jugements ou les violences liées à mon orientation sexuelle, mes parents ont été capables de me payer des études et de me soutenir financièrement jusqu’à mes 23 ans. En plus ils m’aiment (normal me direz-vous ? Pas pour tout le monde !).
Je suis née à une époque où une première révolution féministe avait eu lieu. Je peux donc parler à peu près librement de ma sexualité (oui, à peu près car certaines personnes ne sont pas encore prêtes), l’avortement est légal et en aucun cas remis en question (quoique), j’ai le droit d’avoir un compte en banque, de voter, de travailler, de conduire, d’étudier et ce, en toute liberté.
Pourquoi le féminisme existe
Cependant et premièrement, ma condition n’empêche pas mon indignation et ma solidarité. Et deuxièmement, et en cela réside toute la raison d’exister de Bobonne, triste est de constater que je serai toujours (toujours?) moins privilégiée qu’un homme blanc, hétérosexuel.
Et si vous regardez bien, les femmes quelques soient leur origine, classe sociale, couleur de peau ou niveau d’étude, à critères égaux passeront après les hommes.
Voilà pourquoi le féminisme existe. Et pour le comprendre il faut prendre un peu de hauteur.
Qu’est-ce que le féminisme ?
Tout d’abord il ne faut pas limiter l’interprétation du féminisme à son traitement médiatique. Vendues comme des chieuses castratrices, car représentées par les féministes les plus radicales pour faire de l’audience. Comme dans tout mouvement, certaines personnes sont plus extrêmes, ou virulentes que d’autres. Dans le cas du féminisme, cela peut desservir la cause, entrainer une saturation du sujet, voire un rejet et ce n’est évidemment pas ce que nous souhaitons.
Comme le disait si bien Céline Bizière, fondatrice du Salon des Dames dans son entrevue avec Bobonne, il existe autant de féminismes que de femmes. Et elle a raison, le féminisme est pluriel. C’est indéniable.
En France, si certaines souhaitent un bouleversement total de l’ordre établi, d’autres se battent « juste » pour l’égalité des salaires. Et nous sommes à peu près toutes d’accord pour dire que l’existence propre du féminisme réside dans l’acquisition d’une égalité sociale, juridique et politique. Nous nous retrouvons également sur la réappropriation de leur corps par les femmes. Non, il n’est pas normal qu’une femme soit en permanence ramenée à son physique ou que tout un chacun se permette un commentaire ou un jugement sur ce dernier. Mais en revanche, personne ne demande une suprématie de la gent féminine et encore moins si elle vient nuire à l’Homme
(Merci de bien relire cette dernière phrase. J’insiste sur la base du sujet : nous souhaitons l’égalité, rien de plus.)
L’égalité et les Hommes
Mais la vision de l’égalité fait peur à ceux qui en bénéficient aujourd’hui. Voilà pourquoi le féminisme est si mal traité. Effrayé par la perte de ses privilèges, l’Homme préfèrera le rejet. Et je parle bien de l’Homme avec un grand H.
Car beaucoup de femmes ne se considèrent pas féministes ou en faveur d’une égalité parfaite, elles aiment la condition dans laquelle elles évoluent actuellement. Et qui suis-je pour les juger ? Personne. Et bien au contraire, je les soutiendrai tant que cela relèvera d’un choix objectif. Un choix qu’elles auront fait au-delà d’un formatage de genre. Je suis pour la liberté de chacune de décider de la vie qu’elle a envie de mener. Je suis pour que chacune est le choix. Encore faut-il que ce choix existe.
De même, j’embrasse les différences intrinsèques de l’homme et la femme, il y en a, elles existent, biologiquement, chimiquement. Mais ces différences ne doivent pas cautionner une quelconque supériorité.
Et de conclure
Je continuerai donc à lutter pour qu’en France, les femmes aient accès aux mêmes postes que les hommes et que les hommes, d’ailleurs, s’ils le souhaitent puisse rester à la maison élever leurs enfants. Mais aussi pour qu’elles soient libres juridiquement, qu’elles soient représentées politiquement, pour que le sexisme soit déconstruit, les violences délégitimées. Je continuerai à contribuer du mieux que je peux à l’émancipation des femmes.
Et je ne parle que de la France pour le moment. Or, nous sommes sûrement les mieux loties des luttes féministes. N’empêche qu’il faut commencer quelque part.
Et ce qui est important – le plus important – c’est le dialogue. Comprendre sans agresser ou se sentir agressé. Laisser un peu son égo de côté, oublier ce qu’on nous a appris, et juste prendre de la hauteur. Pourquoi cette femme mérite moins le respect que cet homme ?
4 comments
Amen! 100% d’accord, je partage
Héhé ! Merci 😀
[…] il est l’heure de faire un point. Un point féminisme (ce n’est pas un gros mot promis https://www.bobonnemagazine.com/2018/12/06/le-feminisme-nest-pas-un-gros-mot-parlons-en/) , puisque je me suis “amusée” à regarder les nominations aux grandes récompenses et la […]
[…] il est l’heure de faire un point. Un point féminisme (ce n’est pas un gros mot promis https://www.bobonnemagazine.com/2018/12/06/le-feminisme-nest-pas-un-gros-mot-parlons-en/) , puisque je me suis “amusée” à regarder les nominations aux grandes récompenses et la […]