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L’EXPO – “Guilty Pleasures”de Ellen von Unwerth
Il y a un an, la mythique librairie-galerie de Saint-Germain-des-Prés s’envolait en fumée, victime d’un incendie ravageur. Tel un phénix renaissant de ses cendres, le lieu n’a mis que 365 jours à se relever de cette épreuve, inaugurant son retour en grâce avec une exposition photographique unique.
Mettant à l’honneur 25 des plus beaux clichés de la mannequin allemande Ellen von Unwerth, “Guilty Pleasures” souffle un vent de sensualité et de liberté au travers d’un objectif incisif. Des femmes fatales, vestales d’une luxure décomplexée et joyeusement décalée, affichent leurs courbes assurées en noir et blanc. Fières et le regard droit, planté dans la rétine de l’observateur, elles assument tout, tandis qu’un cigare se consume à la commissure de leurs lèvres. Des beautés ombragées et pourtant si solaires sont ainsi immortalisées par la pellicule Unwerthienne, parmi lesquelles Penelope Cruz. Du bichrome caliente, idéal pour réchauffer le fond de l’air un peu frais.
LE FILM – La favorite
Après le succès de The Lobster en 2015 – un homard très relevé sur les rapports de couples – et de la Mise à mort du cerf sacré deux ans plus tard – exploration de la mécanique familiale quand elle broie ses membres –, le réalisateur grec plusieurs fois canonisé au Festival de Cannes remet le couvert.
Il s’intéresse, cette fois, aux manœuvres et aux ressorts d’un jeu de dupes entre trois femmes de pouvoir. Anne, la reine anglaise faussement naïve et pleinement caractérielle ; Lady Sarah, son inflexible bras droit gérant les crises diplomatiques en sous-main ; et Abigail Hill, jeune aristocrate déchue cherchant à récupérer ses titres en devenant la nouvelle confidente serviable de la souveraine.
Un trio rocambolesque, drôle, touchant et détestable à la fois. Bref, en ce début d’année, La Favorite figure en pôle position de nos films… favoris.
Film de Yórgos Lánthimos, avec Olivia Colman, Emma Stone, Rachel Weisz… Sortie le 6 février 2019
LA PIECE DE THEATRE – Tania Dutel
À la caisse de Tania Dutel, tout le monde paie, et cash ! Sans tabous, la demoiselle aborde tout ce qui rebute ses confrères consensuels : kilos en trop, masturbation, odeurs corporelles… et bien sûr cul à tout bout de gland ! À 29 ans, la stand-uppeuse repérée sur Netflix s’est déjà vue adoubée digne héritière de Blanche Gardin ou Shirley Souagnon. Il faut dire que la jeune femme allie merveilleusement le flegme de Droopy, la candeur insolente d’une Constance comme d’une Bérengère Krief, ainsi que le phrasé trash capable de sécher l’assistance la plus aguerrie.
Mais trève de comparaison : à vrai dire, Tania Dutel ne ressemble pas à un tel, elle est unique. Autant que sa façon d’évoquer les sujets les plus graves, de la condition féminine au viol en passant par le mouvement Metoo. Ainsi, pour aller applaudir la nouvelle révélation de l’humour au vitriol, mieux vaut avoir le coeur et l’estomac bien accrochés.
Votre sourire (jaune), lui, restera fermement à vos lèvres, d’une oreille à l’autre. Et ce tout au long de l’heure que durera son spectacle.
Jusqu’au 30 mars 2019. Les vendredis et samedis à 20h15 – A La Nouvelle Seine (3 quai Montebello, 75005 Paris) – Réservations – Bande annonce
LE CONCERT – Les Négresses vertes ET Joan Baez
Embouteillage de mythes musicaux à l’Olympia, en ce mois de février. Tel un présage heureux, la bonne année des mélomanes débute ainsi avec une seule et unique scène du groupe de punk-rock-guinguette le plus tapageur des 90’s. “Voilà l’été”, “sous le soleil de bodega”… Autant d’hymnes estivaux qui viendront colorer l’hiver pour un (grand) soir à ne manquer sous aucun prétexte.
Après cet interlude fleurant bon l’accordéon et les férias du sud, c’est un autre astre radieux qui viendra prendre la relève sous les lettres rouges de Bruno Cocatrix.
Portant sa guitare folk aussi superbement que ses presque 80 ans, l’artiste américaine la plus engagée reprendra ses compositions de légende, de “We shall overcome” en faveur de la lutte des droits civiques à son cantique anti-nucléaire “What have they done to the rain”. Un dernier tour de piste pour cette étoile, magicienne des notes et de la poésie revendicatrice, qui entamera sa tournée d’adieu en juin prochain.
Le 1er février OU du 3 au 13 février 2019 – À l’Olympia (28 Boulevard des Capucines, 75009 Paris)
LE LIVRE – Les wonderwomen aussi mettent une culotte gainante : Des dessins qui font du bien.
Les BD, ça a plusieurs avantages. D’abord, ça fait moins de textes à lire (qu’on se le dise, quand on est femme on est hyperactive et le temps de lecture est donc un luxe !). Ensuite, ça nous plonge dans un univers de traits régressifs, de couleurs vives et de situations simples (mais pas simplistes !) et ça, ça illumine n’importe quel moment de détente sous un plaid et avec une tasse de thé chaud à la main (image non-contractuelle mais bien plaisante tout de même).
Enfin, la bande-dessinée a cette dimension formidablement fédératrice qui fait qu’un album peut se transmettre à n’importe quel membre de son clan, petit ou grand, qu’il sache lire ou non. Par conséquent, léguer ce recueil esquissant les portraits de femmes du quotidien et de mères imparfaites, gourmandes, fêtardes et boute-en-train, indépendantes, décomplexées ou surmenées mais toujours belles, c’est une action d’utilité publique.
Ça rappelle à tous ceux qui l’auraient oubliés, nous en premier, que le bonheur c’est le bien-être. Et que celui-ci réside principalement dans notre tête. Avec son humour tendre et empathique, Mathou nous le remémore à chacune de ses 144 pages de douce et insouciante conscience.