J’ai profité de mes 3h30 de train vendredi après-midi pour travaillerlire Paulette, un magazine que j’affectionne tout particulièrement. Ce mois-ci, Inès Rau était la Rédactrice en chef invitée. Inès Rau c’est une mannequin (playmate) transgenre. Alors dans son édito, elle parle bien évidemment du rapport à soi, de la nature et de la mode évidemment.
Je rappelle régulièrement au travers du blog, que la mode et les vêtements que l’on porte ne définissent pas forcément qui l’on est. En revanche le style, si.
Quand je repense à mes plus jeunes années, je crois me rappeler que mon style vestimentaire a évolué avec mes mauvais choix en matière de coupe de cheveux ma personnalité et mon corps.
Avant le collège, la mode m’importait peu. Je me souviens d’ailleurs avoir reçu en cadeau, une paire de santiags de la part de mon oncle. De vraies santiags en croco marron, taille 32. J’étais tellement fière, je me sentais invincible. Je me revois les porter avec mon jean noir et mon polo rouge. Ça faisait cow-boy, et lorsqu’un garçon m’approchait de trop près il recevait un accueil chaleureux de la pointe de mes bottes.
Mes héroïnes étaient Fantômette ou Sailor Moon, des filles qui savaient se battre, étaient malines et respectées.
Quand je suis arrivée au collège, la course aux marques à commencer. Il fallait porter du Lulu Castagnette©, du Cimarron©, des Kickers© et des Docs© (non je n’ai jamais cédé aux Buffalo compensées…bon d’accord, ma mère ne voulait pas. Aujourd’hui, je lui dis merci). Puis nous avons évolué vers un style plus masculin, sportif (je le savais bien que j’aurais dû garder mes Cortez et mes Superstar… la mode est un éternel recommencement).
Des pantalons plus larges style baggys, ou des joggings Lacoste©, Sergio Tacchini©… S’habiller comme un mec était stylé. Ou pas. D’autres ne le faisaient pas.
Mais moi, finalement ça m’arrangeait bien d’embrasser le style dit « masculin », il cachait mes formes naissantes dues à la puberté. J’écoutais aussi beaucoup de rap, parce que j’adorais ça, mais c’était de la musique de mec… Alors je persistais à porter des baggyset des bandeaux Lacoste© dans les cheveux (oui vous pouvez vous moquer). Je devenais légitime finalement.
À partir de là, j’ai appris à me cacher plutôt qu’à m’assumer.
Derrière des tenues masculines, je pouvais jouer le garçon. Et j’aimais ça. Parce que j’ai toujours beaucoup pensé comme un garçon, agi comme un garçon. Je ne suis pas peureuse, j’ose dire ce que je pense et défendre mes intérêts avec ferveur. Je ne me laisse pas impressionner facilement. Sauf peut-être lorsqu’on me rappelait trop souvent mon âge ou mon genre pour me rabaisser. Ou qu’on me faisait comprendre que mon comportement n’était pas normal : « Tu es si mignonne, pourquoi tu t’habilles comme ça ». Comme cette phrase peut être insultante.
Après des années de recherche, je me suis trouvée. Ma personnalité, mon style ou mes propos ne sont plus des imitations ou des déguisements. Ils sont authentiques. Et c’est cela que j’essaie de prôner dans Bobonne tous les jours. Etre authentique, être en accord avec soi-même et se connaître pour mieux exister. J’aime avancer, je reviens rarement sur mes décisions ou mes choix de vie, mais parfois cela fait du bien de regarder en arrière et comprendre.
Je crois que le féminisme est en moi depuis le jour où j’ai dû me déguiser pour pouvoir être celle que je suis vraiment. Parce que mon genre définissait la façon dont j’étais supposée agir, m’habiller, parler, penser et être.
C’était une erreur. Ne soyez pas celle ou celui qu’on attend. Soyez vous-même (oui, je sais c’est bateau, mais j’aime bien les bateaux, je vous rappelle que je suis bretonne).