Hier soir, je suis allée à un évènement organisé par Les Boudeuses, lieu que les adeptes du Club de Lecture connaissent bien puisque qu’il est le siège de nos discussions littéraires du vendredi soir !
Clothilde (la super créatrice de ce lieu) avait invité Laura Domengue (si vous ne la connaissez pas, Go Google NOW !) pour nous parler de son livre « Merci, fallait pas – le sexisme expliqué à ma belle-mère », titre Ô combien révélateur de son contenu drôle et pertinent. Nous avons eu une discussion informelle autour du parcours de Laura, de son livre et bien évidemment du féminisme, du sexisme, de l’humour et de nos vies.
Laura (oui, je l’appelle Laura) m’a alors posé des questions sur Bobonne… Et je me suis pris un uppercut qui m’a renvoyé directement dans un passé proche.
Je suis revenue quelques mois en arrière, à l’époque où je mangeais et dormais Bobonne. Et j’ai eu ce sentiment étrange d’avoir abandonné. Je la regardais nous parler de son livre, de son spectacle et par-dessus tout des messages que cette brillante humoriste souhaite transmettre et j’ai vraiment eu cette impression de ne pas avoir été au bout des choses, d’avoir fait le boulot à moitié, de ne pas avoir accompli ce pour quoi j’avais commencé Bobonne : changer les choses.
J’ai choisi la sécurité. J’ai repris un job. En marketing. Dans une start-up. Est-ce à l’opposé de mes valeurs ? Je me suis souvent posé la question. N’est-ce pas légèrement schizophrène de vouloir combattre le patriarcat tout en participant activement à un modèle qui l’encourage ?
Comme la nuit porte conseil, je suis allée me coucher en espérant y voir plus clair ce matin. Soyez rassurés, c’est le cas !
Je me suis rappelée les nombreuses soirées où je rentrais vidée et éreintée tant s’engager dans une cause demande une énergie folle. Je me suis rappelée la solitude que je ressentais chaque jour et cette impression de ne pas être entendue. Je me suis rappelée à quel point il est difficile de changer les choses de l’extérieur.
Les médias, les discours, le militantisme sont utiles et même largement nécessaires. Mais de l’extérieur, on ne peut pas agir en profondeur. De l’extérieur, il est impossible de soulager la charge mentale d’une mère de famille, il est impossible de reprendre ce collègue sexiste ou ce manager insistant un peu trop sur notre décolleté. De l’extérieur, il est impossible de changer les lois, de les défendre. L’éducation, l’entreprise, la politique. Trois piliers.
Les actions se mènent de l’intérieur et uniquement de l’intérieur. Et chacun d’entre nous peut agir. Ça me rappelle cette campagne du gouvernement : « Contre la drogue, chacun peut agir » et bien de la même façon « Contre le sexisme chacun peut agir ».
A commencer par l’entreprise, parce qu’il serait un peu intrusif de se mêler de la vie de son voisin et l’accès à la politique n’est pas si évident. C’est dommage, je me suis entrainée à manger du homard au couteau ! La plupart d’entre nous travaille et évolue donc dans une entreprise, elle est un beau terrain de jeu et – sans mauvais jeu de mot – il y a du boulot (on rigole hein ?)!
J’ai de la chance d’évoluer dans ce qu’on appelle une entreprise qui place l’humain avant le reste. Qui place les compétences avant le genre. Résultats ? Nous sommes autant de femmes que d’hommes et il y a autant de managers masculins que féminins. Pas de place pour le sexisme. C’est ce qu’on appelle le progrès.
Alors je ne pense pas que mettre des tampons à disposition dans les toilettes suffira à changer le monde. Ce n’est pas ça qui fera le plus bouger les lignes du patriarcat. En revanche, et je me répète, c’est en profondeur qu’il faudra changer les choses. Si vous lisez cette newsletter c’est que vous êtes capables d’identifier un comportement sexiste en entreprise, que vous avez conscience d’un management abusif et misogyne et que vous savez repérer les discriminations à l’embauche. Alors ne laissez pas faire ou mieux encore : montrez l’exemple.
J’ai aussi la chance de bosser en marketing. Ah ! la publicité… Elle est le berceau du sexisme, le reflet de la misogynie et surtout d’un temps révolu. Les publicités sexistes et les mannequins retouchés sont de plus en plus dénoncés. Je suis au cœur de ses sujets. Je peux maitriser les mots et les images qui seront vus par des millions de gens. A moi de faire en sorte de passer les bons messages. De changer cette bonne vieille segmentation publicitaire qui nous dicte de cibler seulement les femmes pour vendre des aspirateurs. A tous ceux qui bossent dans ce milieu, réfléchissez bien. Un simple clic. Un mot. Une image. Et le monde peut être différent demain.
Depuis la vague « me too » les consciences se sont éveillées. Et n’en déplaise à certains les choses bougent. Doucement mais sûrement. Alors profitons-en et surfons sur cette vague d’espoir !
Ne soyez pas qu’observateur, soyez acteur !
Super accroche hein ? C’est mon côté pub’ qui ressort ! Ou politique peut-être… enfin c’est un peu la même chose finalement !