Vous n’êtes probablement pas passés à côté du petit rafraîchissement de Bobonne. Un nouveau format (la newsletter), un nouveau design et de nouvelles catégories ! Et vous vous êtes peut-être dit, un nouveau design pour l’été?
En réalité, ce nouveau format reflète un changement de fond.
Il y a un peu plus d’un an, j’ai créé Bobonne dans l’espoir d’en faire un vrai média. J’ai commencé par atterrir une ligne éditoriale cohérente et pertinente pour les lecteurs, puis se sont greffées les autres formats : le podcast, les shootings, la newsletter, le club de lecture. Bobonne devait devenir grande et forte (oui, Bobonne est une fille !). J’avais beaucoup d’ambition pour ce projet, je voulais en faire quelque chose d’impactant, laisser une trace. Cependant, plus j’avançais, moins je prenais de plaisir. La solitude, le lot de tout entrepreneur, me pesait énormément. La pression financière devenait impossible à gérer et résonnait en moi chaque jour comme un poids écrasant une quelconque once de plaisir. Comment financer Bobonne était devenue une obsession. Et même si l’exercice intellectuel est intéressant et ma vision la bonne, apportant une viabilité économique certaine au projet, cette dualité entre le fantasme et la réalité devenait de plus en plus difficile à gérer.
Toute prise de décision dans la vie se concrétise lorsque nous avons enfin assumé qui nous étions. J’ai longtemps voulu être l’objet de convoitise de tous, j’ai longtemps cherché à ce qu’on me considère, qu’on m’admire même, pour mon intellect, mon physique, mon humour, ma sympathie. Quitte à souffrir de cette mascarade. Dès lorsqu’on prend la décision de s’exposer, même en ayant les meilleures volontés altruistes du monde, il y a toujours une part de narcissisme qui est présente, il ne faut pas s’en cacher, il ne faut pas le nier. C’est une réalité pour beaucoup d’entre nous. Il est tout naturel de souhaiter se faire aimer. Après tout, qu’est la vie sans amour ?
J’ai longtemps cru pouvoir être WonderWoman. Parce que je me suis intéressée au féminisme et que j’ai voulu changer les choses. Et avant ça, parce que je ne me reconnaissais pas dans cette société extrêmement formatée et que je cherchais absolument à m’en détacher, à sortir du lot. Parce que mon besoin de considération a biaisé mes choix de vie. Je ne regrette rien. J’adore ma vie, les choix que j’ai fait m’ont amenée là où je suis aujourd’hui. Une femme (n’est-ce pas étrange de se dire femme lorsqu’on ne se sent que fille ?) qui n’est pas faite pour être entrepreneure ou expatriée, qui aspire à une vie plus simple, moins stressante, près de ses amis et de sa famille. Qui sait, dans 6 mois ou 10 ans, je changerai peut-être d’avis, mais en attendant…
Nous sommes passés d’un modèle où les femmes restaient à la maison pour s’occuper des enfants et du ménage à un modèle où elles doivent avoir une carrière brillante ET s’occuper des enfants et du ménage et sans se plaindre s’il vous plait (la fameuse charge mentale). Je grossis volontairement le trait mais pas tant que ça finalement.
Et si nous n’étions pas toutes des Wonderwomen ? Et si nous n’étions que des humains avec plein de défauts cachés derrière cette vie Instagrammable et filtrée ?
Si vous n’aviez plus peur du regard des autres, de vos parents, de vos amis, si vous étiez tout à fait à l’aise avec vos envies, si vous étiez dans la réalité plutôt que dans votre vie fantasmée, qui seriez-vous ? Que feriez-vous ?
Moi j’ai trouvé un job. Un job qui m’apportera suffisamment de dynamisme pour que je ne m’ennuie pas, qui me permet d’avoir des responsabilités mais pas trop, de faire ce que j’aime. C’est la première fois de ma vie que je n’ai pas le syndrome de l’imposteur. Je suis au bon endroit. C’est si reposant pour l’esprit, vous devriez essayer !
Et je vais continuer Bobonne, évidemment car dès lors que la pression financière et la solitude de l’exercice ont disparu, le plaisir est revenu. Et parce que je crois profondément que notre société peut s’améliorer. Mais je crois de plus en plus qu’en évitant les frustrations, les décisions mal fondées, qu’en arrêtant de nous mentir à nous-mêmes, les hommes comme les femmes, en étant juste nous-mêmes nous pourrions vivre dans un monde merveilleux.
Bon dimanche !