Aujourd’hui, je m’adresse à ceux qui estiment que le féminisme n’a pas lieu d’être.
Je m’adresse aux hommes et aux femmes qui, sous un prétexte qui m’échappe, critiquent, déprécient, attaquent et décrédibilisent le mouvement féministe et celles et ceux qui le portent.
Je m’adresse à ceux qui pensent que si les femmes réclament des droits, c’est par haine des hommes.
Je m’adresse à ceux qui utilisent le terme ‘féminazies’. Attention, les mots ont un poids qu’il faut savoir peser.
À vous tous : c’est quoi votre problème ?
Hier, une marée violette a envahi les rues. Encore. Et j’ai cette vague impression que ce ne sera pas la dernière fois. Il semblerait que nous n’ayons pas fini d’essayer de faire passer un message.
Et pourtant ce message est relativement accessible. Je pense qu’un niveau CE1-CE2 suffit. Pour les plus récalcitrants, je pense qu’au passage en 6ème les connexions se font. Pour toutes celles et ceux qui auraient atteint l’âge adulte en loupant l’info, voici le message, celui du féminisme :
Nous voulons être libres de toute injonction. Nous souhaitons disposer de notre corps comme nous l’entendons. Nous voulons la même considération, les mêmes opportunités, la même reconnaissance, les mêmes chances et les mêmes droits que les hommes. Pas plus et surtout pas moins. Nous parlons de droits.
Puis, nous parlons de mœurs. L’un étant souvent le précurseur de l’autre, par ricochet une loi entraînant la plupart du temps des changements de moeurs. À titre d’exemple, je nommerai le droit de vote. Il y a 76 ans les femmes obtenaient le droit de vote, aujourd’hui elles font de la politique.
Peut-être qu’un jour le 8 mars nous n’offrirons plus aux femmes de fleurs, de chocolats et de promos sur les aspis, mais que nous nous mobiliserons pour leurs droits.
Peut-être qu’un jour les moeurs évolueront, grâce aux lois et à un petit effort citoyen et humain de chacun d’entre nous. Ainsi les femmes battues, violées, harcelées, humiliées ou tuées, ne seront qu’un lointain souvenir.
Et peut-être alors le 8 mars ne sera qu’une célébration, qu’un hommage à une époque révolue.
Ce n’est pas un caprice, ce n’est pas une mode, c’est une lutte et elle est mondiale.
Qu’y-a-t ’il de si difficile à comprendre ? La moitié de la population ne jouit pas des mêmes droits que l’autre moitié. Et tout le monde trouve ça normal. Au mieux ils s’en fichent, au pire ils en font leur cheval de bataille.
Quelle est la peur cachée derrière celles et ceux qui refusent d’ouvrir les yeux, de se sentir concernés ou, mieux encore de contribuer à un changement vital ? Quelles valeurs nauséabondes se cachent derrière celui ou celle qui refuse un monde d’égalité ?
Il y a ceux qui rêvent d’un monde qui ne change pas : trop perturbant, trop dangereux. La peur de l’inconnu. Et puis il y a ceux qui veulent voir les femmes réduites au rang d’esclaves, ou pire : rêvent d’une extinction du genre. Il faudra leur expliquer comment on fait les bébés à ces gens.
Je parle des masculinistes et autres machistes dépourvus du moindre argument que celui situé entre leurs jambes et qui pullulent sur les réseaux sociaux comme une acné juvénile venu gâcher une boom d’adolescents en fleur.
Dans cette érection d’un mouvement visant à écraser la gente féminine, je ne vois que la mollesse des propos tenus. Et n’y voyez aucun jeu de mot. Ce n’est pas mon genre.
Et pourtant, s’il est encore nécessaire de venir nourrir la légitimité du mouvement féministe, je laisserai les chiffres parler.
D’après une étude publiée par l’ONU, 90% de la population mondiale, tous sexes confondus, a des préjugés envers les femmes. En 2016, les filles et les femmes représentaient 70% des victimes de trafic humain (UNICEF). En 2018, seulement 9,8% des pays du monde sont dirigés par des femmes. Dans le monde, 650 millions de femmes et de filles ont été mariées avant l’âge de 18 ans. 15 millions d’adolescentes (âgées de 15 à 19 ans) ont subi des rapports sexuels forcés (ONU). Au Mexique, en 2019, 976 féminicides ont été recensés. 976 femmes, mortes parce que ce sont des femmes.
Et ce n’est qu’un début. Pour ceux qui prétendent que les chiffres n’existent pas, si ce n’est que ça, je peux malheureusement vous en fournir pour tout : l’excision, les viols, le harcèlement de rue, les inégalités de salaire et j’en passe.
Je peux aussi vous donner les peines encourues pour ces violences – l’équivalent d’une pichenette donnée à l’ennemi dans un monde en guerre – mais je ne voudrais pas vous énerver.
Le point positif, car oui il y en a un et pas des moindres, c’est que nous n’avons jamais été aussi nombreuses et nombreux à nous révolter. Et nous sommes au commencement. Invitez vos amis à nous rejoindre, c’est sympa, on met des foulards violets, on écrit des slogans rigolos et on essaie de dessiner un monde meilleur.
Et après tout, nous sommes tous concernés, non ?