Nous sommes le 24 novembre 2019. Hier après-midi, une marée violette s’est emparée des rues de Paris. La couleur du féminisme portée fièrement par plus de 49 000 personnes a envahi les rues de la capitale, d’Opéra à Nation en passant par République. Pour sa deuxième édition, l’association Nous Toutes, portée par Caroline de Haas et présente dans toute la France, a réussi à faire plus fort que l’année dernière. Et pour cause : il y a urgence. Demain, lundi, nous serons le 25 novembre. C’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Peu de gens connaissent l’existence de cette journée, et encore moins de gens sont conscients de l’importance de cette journée. Alors voici quelques rappels chiffrés pour argumenter votre lundi. Aujourd’hui en France, 86% des femmes disent avoir déjà été victimes de harcèlement de rue. 43 % des femmes déclarent avoir subi des gestes sexuels sans leur consentement. 12 % des femmes ont été victimes d’un ou plusieurs viols au cours de leur vie et seulement un dixième des plaintes aboutissent à une condamnation pour viol. Depuis le début de cette année, 137 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. 137 femmes. 137. Alors oui, il y a urgence. Il y a urgence à libérer la parole, il y a urgence à ce que les femmes osent franchir le seuil d’un commissariat de police lorsqu’elles ont peur pour leur vie, ou qu’elles viennent d’être agressées. Il y a urgence à ce qu’on forme les fonctionnaires de police et le corps médical pour qu’ils traitent avec décence, respect et bienveillance les femmes victimes de violence. Il nous appartient aujourd’hui de renverser la vapeur, de changer les mœurs, d’impliquer les hommes dans le débat. Je me place du côté de celle qui, aujourd’hui, peut aider. Je n’ai pas à réparer, j’ai donc tout le loisir et la liberté psychologique pour aider. Pour aider les victimes à la hauteur de mes moyens : en étant à leur écoute, en répandant la parole, en sensibilisant mon entourage, en écrivant pour Bobonne chaque semaine, en partageant l’information, en appelant la police si j’ai le moindre doute sur ce qui se passe chez mes voisins, en guettant que l’homme qui ‘ne fait qu’embêter’ cette fille dans le métro cessera, à apprendre aux hommes que non, c’est non, en condamnant chaque jour la culture du viol, le sexisme, les discriminations. En tendant une main. Se mobiliser le temps de cette journée est primordiale pour se faire entendre, l’union fait la force. Mais se mobiliser individuellement tous les jours est nécessaire. Non cette blague sur le viol n’est pas drôle. Non cette blague sur une femme battue n’est pas drôle. Non se faire traiter gratuitement de pute n’est pas drôle. Et non… c’est non (une fois de plus). C’est pas compliqué quand même, bordel! Il y a peut-être, parmi vous qui me lisez ce soir, des victimes de violences. Je sais que ces quelques mots ne changeront peut-être pas grand-chose pour vous, mais sachez que vous n’êtes pas seules. Nous sommes-là. Et pour tous ceux qui pensent que les féministes sont des hystériques sexuellement frustrées et que le féminisme vise à nuire aux hommes, n’hésitez pas à leur rappeler que le féminisme c’est avant tout une volonté de justice et de solidarité. Courage et que votre dimanche soir puisse être aussi doux que possible. |