Cette semaine, une voix de plus s’est élevée pour faire comprendre la notion de consentement. Cette voix c’est celle de Victoria, du compte Instagram @NoixdeKadjou qui dénonce et affronte un voisin devenu source d’insécurité dans une vidéo intitulée « Ma bonne bite bien chaude ». Un jeune homme des plus charmants, qui après avoir reçu un « non » très clair de la part de la jeune fille, surenchérit d’un « ma bonne bite bien chaude est prête à te recevoir ». Délicieux. Un homme qui ne risque pas de s’étouffer avec le respect ou la décence, donc.
Je dois vous avouer que cela dépasse mon entendement. Comme l’existence de Jul, mais c’est un autre sujet. Comment un être humain en 2020, peut-il ignorer la notion de consentement ?
Avant Me Too
Il y a quelques années encore, bien avant #metoo, nous pouvions imaginer qu’un homme ne comprenne pas la signification du « non ». Biberonné au patriarcat et à la virilité, élevé comme tout puissant, l’homme aurait pu rater le cours de maternelle sur la définition des mots « oui » et « non ». C’était la même année que « j’apprends à faire des dessins dans la neige avec mon zizi » et « je tape mes copains en poussant de gros cris quand on marque un but ». Apparemment ils ont fait un choix.
Il y a des années, lorsque mes semaines étaient rythmées par les sorties en club (enfin on disait encore « boite » à l’époque me semble-t-il) je me rappelle avoir usé encore et encore de nombreux subterfuges pour faire comprendre aux hommes qui m’abordaient que je n’étais pas disposée à rentrer avec eux.
Que celles qui n’ont pas enfilé de bagues à leurs annulaires gauches, danser coller-serrer avec une amie pour faire croire qu’elles étaient lesbiennes ou envoyé un pote faire barrière pour se débarrasser d’un lourdaud un peu trop insistant me jettent la première pierre. Parce qu’un simple « non » de notre part, n’avait aucune valeur. Un peu comme lorsque qu’un homme ré-explique ce qu’une femme vient juste de dire.
Après la vague
Mais aujourd’hui, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, il est impossible de vivre encore dans l’ignorance du consentement. On en parle partout : à la télé, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, il existe même des vidéos pédagogiques pour convaincre les plus hermétiques. Des artistes par centaines se sont élevés pour dénoncer cette violence que subissent les femmes en permanence, et ce à travers le monde. Ignorer une telle information relève presque du miracle. Il faut le vouloir ! Oh… wait.
Certains hommes ne veulent pas croire à cette histoire de « non ». Ils restent persuadés, qu’une réponse par la négation laisse toujours la porte ouverte à un « oui ». Elle n’a pas vraiment dit « non » diront les violeurs… Mais combien d’entre-elles ont un jour vraiment dit « oui ». Un « oui » bien franc, plein de désir, charnel et enjoué à la fois. Combien d’entre-elles n’ont rien dit, parce qu’elles avaient trop bu, parce qu’elles étaient à moitié inconscientes, ou parce qu’elles avaient peur ?
Ils sont également intimement convaincus qu’une fois en couple, la femme est « leur chose » et par conséquent à disposition de leurs désirs sexuels. J’en ai envie, alors elle aussi, non ? Et bien NON, justement.
Oser parler
Dans sa vidéo, Victoria explique qu’elle n’a pas, dès le début, eu le réflexe d’aller affronter son harceleur.
D’ailleurs je m’autorise une digression ici, mais n’ayons pas peur des mots et appelons un chat un chat. La définition du harcèlement sexuel est ici et c’est un délit punissable d’une peine de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende. Sachez-le.
Je reviens à mes moutons, enfin à mon harceleur. Lorsque Victoria a raconté son histoire à ses amis ils en ont ri, tentant ainsi de minimiser la situation. Une sorte de réassurance maladroite de leur part probablement. On lui a conseillé d’ignorer, on lui a dit que ce n’était pas si grave. Mais une fois éloignée du groupe, isolée, seule face à son intimité, ce sont la vulnérabilité et l’insécurité qui ont pris le dessus des rires. Offrant à la jeune fille deux options : celle de continuer à vivre comme une proie ou celle d’aller affronter son harceleur.
Bravo à elle d’avoir pris son courage à deux mains. Combien d’entre nous décident de rester des proies ?
Au boulot Messieurs !
Nous sommes tous dotés d’une capacité de jugement et capables de discernement. Utilisons-les. Intégrons le consentement à notre base de donnée interne. Bouleversons ce déséquilibre nuisible et nauséabond. Construisons un monde où les femmes n’auront plus peur de dire non et où les hommes comprendront. Le curseur de la normalité peut encore être déplacé. Les règles de ce jeu qui n’amuse plus personnes peuvent être réécrites. Il n’est jamais trop tard pour faire mieux.
Je conclurai ce billet d’humeur en vous recommandant chaleureusement de regarder cette très belle prise de parole de Justin Baldoni* lors d’un Ted Talk en 2017, et qui s’adresse directement aux hommes : « Essayez d’utiliser les mêmes qualités qui, à votre avis, font de vous un homme pour devenir plus profond. Votre force, votre courage, votre robustesse : êtes-vous assez courageux pour être vulnérable ? Êtes-vous assez fort pour être sensible ? Avez-vous assez confiance en vous pour écouter les femmes dans votre vie ? ».
Ce n’est pas à nous de rallonger nos jupes, de changer de trottoir ou de prendre un Uber plutôt que de marcher, c’est à eux de comprendre, d’intégrer la notion de consentement, de changer . Notre seule responsabilité réside dans le fait de ne plus nous taire et de faire passer le message.
Maintenant, installez-vous confortablement dans votre canapé, munissez-vous d’un plaid, d’un bon thé et d’une tablette de chocolat et faites quelque chose rien que pour vous. À partir de demain, c’est la fin des haricots (et de cette expression, je l’espère) car nous n’aurons plus aucune excuse pour ne rien faire (sauf l’envie, c’est une bonne excuse ça, non ?).
Bon dé-confinement à toutes et à tous, restez prudents et sortez masqués.
*Je l’ai pour ma part, découvert dans la série « Jane the Virgin » que je vous recommande également chaudement.