Juste avant la révolution.
2020. L’année où tout s’est arrêté. Où nous avons commencé à vivre un jour après l’autre. L’année où nous avons réalisé que nous ne maîtrisions rien, ne contrôlions rien. 2020. L’année où dans un monde déjà chaotique et incertain, nous avons appris à avancer masqués.
Un monde bouleversé
L’économie s’est écroulée, nous applaudissions le personnel soignant tous les soirs à 20h, un réseau social appelé Instagram s’est mis à faire du pain maison (vous prendriez bien du levain pour votre pain ?), il n’y avait plus de sport à la télévision, les enfants ne jouaient plus dehors, les plages étaient désertes, les bars et les restaurants fermés, les écoles vidées. L’homme le plus puissant du monde nous a conseillé de boire du désinfectant*, le chômage a grimpé en flèche, les inégalités se sont creusées, les bureaux se sont retrouvés inexploités et vides… de sens.
Certains ont réalisés que la vie était plus douce quand elle ralentissait, que leur job ne leur convenait pas, d’autres ont profité de ce temps pour bâtir de nouveaux projets. Des couples se sont déchirés, d’autres se sont renforcés.
Notre liberté a été mise à l’épreuve. Dans tous les sens du terme. Nous étions surveillés, privés de nous mouvoir, de nous révolter. Les écrans ont pris le pouvoir. Ils étaient notre seul moyen de rester connectés à nos proches, au monde. Et les écrans trahissent et biaisent la vérité. Les écrans racontent ce qu’ils veulent, ils effacent les émotions et filtrent la réalité. À la fois salvateurs et destructeurs, nous avons dû apprendre à les dompter, à les distancer.
Cette année-là nous avons usé et abusé des unités de mesure. D’un mètre à 100km, tout était question de distance. L’autre étant devenu l’ennemi, l’espace était notre bouclier. Rouges contre vertes, les régions se sont divisées, les gens se sont méfiés et ont montré leur plus sombre visage. Ils ont menacé, dénoncé, regretté.
Les femmes, nos héroïnes
Les femmes quant à elles sont devenues l’espace d’un instant les héroïnes de la situation. Les fenêtres s’ouvraient pour les applaudir mais se refermaient pour les mettre à terre. Celles que l’on regardait de haut sont devenues la fierté de la nation et l’hypocrisie régna en maitre. Puis les Hommes ont repris leur guerre de pouvoir. L’économie est redevenue priorité. La politique a fait rage jusqu’à en oublier ces femmes. Leurs métiers et leurs salaires n’ont pas été revalorisés et les violences quant à elles, ne se sont jamais arrêtées.
De tous les pays du monde, ceux qui s’en sortaient le mieux étaient dirigés par des femmes tandis que ceux qui ont connu les plus grosses pertes étaient gouvernés par des hommes plutôt hostiles aux politiques féministes: États-Unis, Royaume-Uni, Brésil, Iran, Chine
La révolution, en marche
Et c’est là que tout a commencé, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de l’injustice associé à une prise de conscience factuelle.
À l’époque la grande Christiane Taubira avait d’ailleurs dit : « Tout ce qui tient la société, tout ce qui nous permet d’inscrire une temporalité dans nos têtes, d’envisager un après, de nous projeter, de ne pas sombrer dans la désespérance, tout cela, ce sont les femmes qui le font. ». Une phrase pleine de sens quand on connait la contribution de Madame Taubira au monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.
2020. Une mise au point, un avertissement. Une première pierre à l’édifice d’un nouveau monde. Un monde où les femmes ne sont pas « la première ligne », mais les premières de cordée. Parce que ce sont bien elles qui ont tenu la barre pendant la tempête. Ne l’oublions pas.
Parce qu’elles savaient désormais que la vie ne tenait qu’à un pangolin, elles n’avaient plus de temps à perdre. La révolution était imminente. Elle fut douce, discrète. Comme elles savaient si bien le faire. La solidarité primant sur le chaos, les femmes se sont unies et ont avancé en sous-marin pour s’installer tranquillement, sereinement et justement sur le siège de l’égalité.
The end.
*de nombreuses rumeurs circulent quant à sa disparition du paysage publique suite à sa défaite face à Alexandria Ocasio-Cortez, mais la plus plausible reste sa fuite dans un petit village mexicain où il exercerait des petits travaux de construction pour survivre (ironique quand on connait l’histoire !).