À partir d’aujourd’hui, 6 novembre à 15h35 et ce jusqu’au 31 décembre 2018, les femmes travaillent gratuitement. En France, les femmes gagnent en moyenne 15,2 % de moins que les hommes. D’où viennent ces inégalités ?
La newsletter féministe « les Glorieuses » récidive pour la 3e fois pour notre plus grand plaisir, tant il est important de démontrer l’ampleur du phénomène. « À partir du 6 novembre 15h35 et ce jusqu’au 31 décembre 2018, les femmes travaillant en France le feront gratuitement du fait des inégalités salariales ». Si on se base sur les données et chiffres d’Eurostat, nous avons gagné trois jours par rapport à l’année dernière mais tout de même, l’écart est et reste impressionnant. À ce rythme là, nous atteindrons l’égalité des salaires en 2168. Merveilleux.
Depuis une dizaine d’années les inégalités se réduisent (heureusement) mais à la lenteur d’un escargot asthmatique. Effectivement s’il est facile d’agir sur certains éléments factuels de cette inégalité il reste une zone dite « inexpliquée » et difficilement atteignable. D’autant plus que, comme vous l’aviez deviné (bande de petits malins), les économistes expliquent cette « zone grise » par « l’application par les entreprises de processus inégalitaires ou discriminatoires qui jouent en défaveur des femmes » autrement appelés « discrimination pure ».
D’où viennent les inégalités de salaires en France en 2018 ?
Les chiffres
Tout d’abord il est important de bien comprendre la différence entre les chiffres auxquels nous nous référons. L’étude la plus récente de l’INSEE (7 mars 2018) nous explique qu’en France, les femmes gagnent 24 % de moins que les hommes par an (salaire annuel moyen), cependant cette donnée inclut le temps partiel, aussi, en équivalent temps plein, elles perçoivent 17 % de moins par an. Ensuite à poste et expérience équivalents, les femmes touchent 12,8 % de moins que les hommes et enfin à caractéristiques professionnelles comparables, l’écart salarial s’élèverait à 9 %.
Traduisons-les
Qu’est-ce que ces chiffres veulent dire ? Autrement dit, décortiquons ces statistiques
Les inégalités salariales en France s’expliquent par plusieurs facteurs à commencer par le fait que les femmes occupent majoritairement des emplois à temps partiels (80 % selon un rapport publié par le Ministère des Droits des femmes) ou des emplois moins rémunérés comme l’administration publique, la santé, l’enseignement ou l’action sociale, selon l’Insee.
D’autre part, les femmes se voient refuser l’accès à certains métiers dits « d’hommes ». Selon l’Observatoire des discriminations de la Sorbonne (publication du 5 novembre 2018) « Une femme qui postule à un emploi considéré comme typiquement masculin, comme mécanicien automobile, a 22 % de chances en moins qu’un homme, à compétences et qualifications égales, de se voir proposer un entretien d’embauche ».
Enfin, elles ont également beaucoup moins accès aux postes à responsabilités et se voient bloquées arrivées à un certain niveau (le fameux plafond de verre) et sont minoritaires dans les « grandes entreprises »(en général et une fois de plus aux postes hiérarchiquement élevés). D’autre part à poste et quantité de travail égaux et surtout lorsque les salaires moyens des métiers sont hauts, les femmes sont moins rémunérées que les hommes, c’est ce que les économistes appellent la discrimination pure.
Les causes
La part de discrimination pure s’explique principalement par les stéréotypes et le sexisme persistants à l’encontre des femmes. Les femmes seraient tout simplement moins compétentes et moins capables de gérer une vie professionnelle et une vie de mère que les hommes. Triste constat.
Techniquement, selon l’INSEE, les femmes disposent de moins de temps dans la journée que les hommes lorsqu’elles vivent en ménage et la tendance s’accroit lorsqu’elles ont des enfants. Pourquoi ? La répartition des tâches domestiques (courses, enfants, ménage etc.), qui incombent encore majoritairement aux femmes. Tout simplement.
En 2016 le site d’offres d’emplois Glassdoor établit qu’à poste égal la différence de salaires entre femmes et hommes est quasiment nulle (0.4%) lorsqu’aucun enfant n’est présent dans la cellule familiale. En revanche, les femmes qui ont eu au moins un enfant gagnent 12,4 % de moins que les hommes.
Enfin, à force de formatage sur leurs incompétences multiples, les femmes sont moins enclines à négocier leurs salaires. Que ce soit à l’embauche ou lors de promotions internes, les femmes ont tendance à se discriminer elles-mêmes. Aussi, elles vont s’autocensurer ou baisser leurs prétentions salariales (on ne se défait pas de décennies de patriarcat comme ça).
Alors que faire ?
Tout d’abord, il faut comprendre que les changements pourront se faire via des voies légales et sociétales. L’inégalité des salaires pourra se vanter d’être à zéro si nous nous focalisons sur la répartition au sein des ménages et que nous portons notre réflexion sur les normes sociales dans le monde du travail.
Mais pour commencer, vous pouvez signer, si vous le souhaitez, la pétition des Glorieuses qui s’étend sur trois axes : un congé paternité équivalent au congé maternité, une transparence des salaires et un certificat d’égalité obligatoire.
Effectivement, ce serait déjà un excellent début pour permettre aux femmes d’atteindre une égalité économique qui les mèneront ensuite à une égalité politique et sociale.
Les données de l’INSEE ont été récoltées entre 2014 et 2016 certes et pour les plus sceptiquesqui ne les trouveraient pas assez récentes et préféreraient avoir des chiffres de 2018 (au cas où les inégalités aient disparu), il est important de rappeler que la même étude affichait un chiffre de 27 % en 1995 (contre 24 % en 2014 donc). Donc, même si je suis une grande optimiste et que les chiffres sont à la baisse il est statistiquement impossible que le pourcentage reflétant les inégalités de salaires hommes-femmes soit de zéro en 2018(d’autant plus que notre cher gouvernement travaille encore sur des mesures visant à réduire ces inégalités).
2 comments
Très bon article pour rajouter un peu de mon au débat je me souviendrai toujours d’une xopi e qui avait écrit justement à sa hiérarchie sur le fait que aucune femme nn avait un poste à responsabilité dans leur hiérarchie.
Leur réaction a été de lui proposer de prendre plus de responsabilités dans le service. Quel ne fut pas mon étonnement de constater qu’elle a refusé la dite promotion car elle partait en tour du monde à la fin de son CDD,, 2 ans après cette fameuse promotion. Ayant juste lu LEAN in de Sheryl Sandberg je me souviens d un chapitre où elle disait aux femmes » ne partez pzd avant d’être vraiment partie » autrement dit ne cesser pas d’être ambitieuse parce que vous anticiper X ou Y projets dans un future proche, cet une donnée que je retrouve hélas bien souvent
Nathalie
http://uneuroalafois.fr
Merci beaucoup ! Oui effectivement nous sommes parfois pleines de contradictions, mais l’important je crois au final est de toujours essayer. Essayer d’aller au bout de nos objectifs, essayer d’obtenir des droits… chaque graine semée finira par fleurir.