D’aussi loin que je me souvienne l’écrit a toujours été ma façon privilégiée de communiquer ou d’échapper à la réalité.
Petite, lorsque je me disputais avec ma mère, je lui écrivais une lettre pour m’excuser (avec le recul, je me dis que j’aurais dû lui en écrire bien plus !), je prenais d’ailleurs parfois les devants, lorsque je savais que j’avais fait une bêtise… faute avouée, à moitié pardonnée.
Enfant, je n’avais pas l’éloquence que l’on acquiert à l’âge adulte. Lorsqu’à force de mots mal choisis nous nous sommes faits rabrouer par des professeurs, des recruteurs, des amis ou de la famille.
Aujourd’hui je sais réfléchir avant de parler, choisir – puisque mon vocabulaire s’est enrichi – le bon mot au bon moment. Je sais aussi organiser ma pensée pour être la plus claire possible avant de m’exprimer.
Mais petite, l’écriture était pour moi le moyen le plus sûr pour faire passer un message. Je voulais être certaine que le destinataire allait pouvoir comprendre pourquoi j’avais agi de la sorte, ou comprendre ce que je ressentais.
Je tenais également à jour un journal intime afin de ne pas cracher mon venin au visage du premier venu (Ah l’adolescence…). Toute la colère, les doutes et les peurs que j’avais en moi, je les couchais sur le papier. Et j’allais mieux.
J’ai toujours eu besoin d’écrire. Pour apprendre, pour m’organiser, pour transmettre.
Pour moi une belle lettre aura toujours plus d’impact qu’un beau discours.
Aujourd’hui mon rapport à l’écriture a évolué. Je tiens toujours mon journal intime, mais plus pour les mêmes raisons, aujourd’hui il me sert à prendre de la hauteur et du recul. À sortir, également, de ma tête toutes les pensées inutiles et toxiques. J’aime cette idée de voir les pensées qui encombraient mon cerveau défiler sur l’écran ou sur le papier. Je les regarde de loin ces souffrances à présent extériorisées. Parfois je les moque, parfois je les retrouve. Comme lorsqu’on a besoin de se rappeler d’où l’on vient ou ce que l’on a traversé pour en arriver là où nous en sommes. Comme un rappel à l’ordre lorsqu’on se perd à nouveau.
Un jour, j’ai été cette enfant qui voulait être poète, un jour, j’ai dit que je détestais mes parents et le monde entier, un jour, j’ai confié que quelqu’un que j’aimais ne m’aimait pas en retour (« connard » ai-je alors écrit, et le mot était effectivement, très bien choisi !), un jour, j’ai eu peur de ne pas y arriver, un jour, j’ai eu peur de partir loin, un jour, je me suis demandée si je voulais des enfants… Chaque jour à son importance.
L’écriture est un besoin, comme certains organisent leurs pensées, chassent les problèmes via le sport ou la pelote basque (ne vous moquez pas, pourquoi pas ?), moi ma bulle de bien-être est un clavier ou un stylo.
Je passe beaucoup de temps à lire et à écrire. Je ne me lasserai jamais des mots. Qu’ils soient écrits ou prononcés (et ne nous mentons pas, les beaux discours sont initialement écrits), les mots auront toujours plus d’impacts qu’une image. Ils seront – s’ils sont bien choisis – toujours plus élégants, distingués, précis. Un mot bien choisi ne peut pas être mal interprété. Si une phrase semble imprécise et encline à de multiples interprétations, c’est un choix de son auteur (N’est-ce pas, M. le Président !).
Aussi, n’ayons pas peur d’écrire, de jouer avec les mots. La langue française en est le terrain de jeu idéal. N’ayons pas peur de nous exprimer correctement, de réfléchir avant d’utiliser un mot qui peut faire mal, choisissez-les bien. Faites en sorte qu’ils soient bienveillants, réconfortants, encourageants. C’est tellement plus agréable.
« Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. » Marguerite Duras.