Il s’en passe des choses aujourd’hui ! Entre fêtes des mères et élections européennes, mon cœur balance alors qu’à l’instar d’Angèle je serais plutôt d’humeur à balancer mon quoi.
Entre une fête instaurée en France sous Pétain pour relancer la natalité et qui par ailleurs ne célébrait que les mères de familles nombreuses et la parade politico-dramatique de toutes les têtes de liste ivres de pouvoir et sans considérations réelles pour le peuple… mon cœur balance et me donne la nausée.
Je vous laisserai le soin d’allumer BFM ce soir pour connaître les jolis visages qui nous représenterons à Strasbourg et avoir l’analyse politique d’un expert choisi avec soin par une rédaction primant l’objectivité de l’information ou encore pour connaître le nombre de fleurs vendues pour la fête des mères aujourd’hui, dans l’Indre, qui Ô surprise se veut également être le département le plus mobilisé pour les élections à midi. D’une pierre, deux coups pour le détaché régional de BFM !
Parce qu’au final, ce qui m’intéresse le plus dans cette histoire, ce n’est pas de savoir si Jean-Luc Mélenchon est véritablement sacré ou de ressortir les photos de ma maman et moi petite (j’étais à croquer vous seriez tous jaloux), pour lui dire à quel point je l’aime (elle le sait déjà, je lui dis tous les autres jours de l’année aussi). Non, ce qui m’intéresse c’est de voir comment nous réagissons à cette actualité.
Par quel sujet nous sentons-nous le plus concerné ? Qu’est-ce qui nous fait sortir de nos gonds, nous anime ou nous émeut ? Et surtout, comment je me positionne et qu’est-ce que cela dit de moi ?
Et souvent notre prise de position est biaisée. Quel que soit le sujet. De l’épisode final de Game of Thrones à l’IVG en passant par le port du voile ou les crocs. Enfin quoique sur les crocs, je crois que tout le monde s’accorde à dire que c’est laid mais confortable.
Notre prise de position est biaisée, donc. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas honnêtes avec nous-même. Et pourquoi ? Parce qu’être honnête avec nous-même, chercher à comprendre qui nous sommes, représente un risque de marginalisation que nous ne sommes pas prêts à prendre. Et surtout parce que nous considérons nos prises de positions sans nuances possibles.
Prenons un exemple tout simple. Le retour de Beverly Hills. Ceux qui ne connaissent pas cette série, je vous invite à utiliser l’ami Google. Oui, je prends volontairement un sujet léger.
Personnellement, je suis à la fois pour et contre.
Pour, parce que Beverly Hills a bercé mon enfance et que je rêvais de faire des soirées filles avec Donna, Brenda et Kelly, que je voulais sortir avec David (non, déso, je n’étais pas team Dylan) et que leur vie au soleil en cabriolet dans des baraques avec piscines que je regardais depuis mon appartement à Quimper sous la pluie… ben ouai, ça me faisait rêver.
Contre, parce que premièrement, Dylan n’est plus. Et que sans Dylan ça ne sera plus pareil. Mais aussi et surtout parce que cette série comme beaucoup d’autres a formaté mon esprit pour me dire que pour exister dans ce monde et avoir de l’importance il fallait être belle, riche et plaire aux mecs. Cette série m’a finalement apportée plus de frustrations et de complexes qu’elle ne m’a fait rêver (David, Il love you, call me maybe).
Mais finalement vais-je regarder Beverly Hills ? Oui. Pourquoi ? Parce que c’est une part de mon enfance et que cela me ramène à de doux moments mais aussi et surtout parce qu’on a toujours besoin de rêver un peu d’une autre vie même si nous sommes conscients que ce ne sera jamais la nôtre. Et parce que dans Beverly Hills il y a plein de potins et qu’on adore les potins. C’est la vie, même si c’est mal.
Quelques lignes bourrées de contradictions. Parce que nous sommes ainsi faits. Devenir adulte c’est se détacher de l’enseignement de nos parents, c’est apprendre tous les jours sur soi, c’est ne pas se comprendre parfois et ne pas savoir où on va. C’est changer d’avis, être tantôt de gauche, tantôt de droite (comme Manu le barcelonais, vous voyez ?), c’est acheter des fleurs pour la fête des mères même en connaissant la genèse de cet évènement.
Le plus difficile dans la vie d’adulte c’est d’avoir conscience de soi. Savoir pourquoi nous pensons et agissons d’une certaine façon. Est-ce dû à notre histoire personnelle, l’éducation que nous avons reçue, l’environnement professionnel dans lequel nous évoluons ? Est-ce ma décision, mon opinion ou ceux de la société ? Ai-je peur d’assumer celle ou celui que je suis, de dire ce que je pense ? Pourquoi ?
Les réponses sont multiples et vous sont propres, mais il est de votre devoir de vous les poser (enfin je dis ça pour que vous soyez plus heureux, mais vous faites bien ce que vous voulez).
Ma vision du monde a drastiquement changé après avoir vécu à l’étranger, parce que tout mon enseignement et mes codes ont été bouleversés, chamboulés, remis en question. Ce qui a amené encore plus de contradictions en moi (est-ce que tout ce guacamole en valait la peine ? Oui !), est-ce que j’aime qui je suis et ai parfois envie d’être une autre ? Oui. Est-ce que je suis consciente que la pression du groupe à un impact sur moi ? Évidemment. Est-ce que j’ai totalement réussi à m’en débarrasser pour autant ? Non. Mais c’est un autre sujet.
L’important (et ce n’est pas de moi) c’est le cheminement. Une fois qu’on à la réponse, ce n’est plus drôle. Ce qui expliquerait cette révolte concernant la dernière saison de Game of Thrones : ils ont éteint nos espoirs. La réponse est là. C’est trop tard.