Il m’a été dit récemment que je faisais trop attention aux détails. Il est vrai qu’il m’est arrivé dans ma vie professionnelle tant que personnelle de donner trop d’importance à ce qui pour certains relève du détail.
Mais lorsqu’un détail vous blesse ou vous met en porte-à-faux, qu’en est-il ? Une parole, un regard, une expression, une indignation, une blague… tant de petites choses qui paraissent insignifiantes mais qui en disent long. J’ai une très bonne capacité à cerner les gens. Je repère de très loin les hypocrites et les opportunistes comme les bienveillants et les grands cœurs, alors oui; je repère les détails.
Une parole peut être maladroite d’un côté ou mal interprétée de l’autre. Cela arrive. C’est un détail. Quand cela arrive deux fois, c’est éventuellement une coïncidence. Mais quand cela se répète, c’est un trait de caractère. Et ce n’est pas un détail.
Tout peut être de l’ordre du détail. J’ai changé de vie 10 000 fois. Preuve d’instabilité pour certains, de courage pour d’autres. Ceux de la deuxième école étant plus nombreux, il m’a souvent été dit que (pardonnez-moi d’avance l’expression) j’avais « des couilles ». N’est-il pas révélateur du fonctionnement d’une société d’attribuer la qualité de courage aux hommes ?
C’est un détail diront certains, c’est une expression comme une autre diront d’autres. Eh bien, au risque d’en décevoir, je trouve que ce détail est le reflet d’un dysfonctionnement plus profond.
Parce que si nous avions fait l’inverse, si le courage était féminin, le monde ne serait-il pas différent ? Ne serions-nous pas plus d’entrepreneuses, de cheffes d’entreprise, d’autrices à succès ? Et si, dès le plus jeune âge, on nous avait dit courageuses plutôt que fragiles, fortes au lieu de douces, intelligentes bien plus que jolies… le monde n’en serait-il pas différent ? Plus équilibré ? Ne serions-nous pas plus de meneuses, moins d’effrayées ? N’aurions-nous pas plus de… couilles ?
Il n’y a pas de neutralité dans l’action ou dans la parole. Il y a des nuances, des humeurs, des jours avec et des jours sans, mais nous sommes tous orientés lorsque nous nous exprimons.
Parfois, un détail révèle une certaine incompatibilité à l’entente, à la vision. Mais de manière générale méfions-nous des sourires chaleureux accompagnés d’un regard froid, méfions-nous des humours blessants à répétition, méfions-nous des tapes dans le dos qui sont en réalité des poignards. Méfions-nous. Embrassons les regards chaleureux mais parfois timides, embrassons les humoristes en herbe aux joues rougissantes, embrassons les donneurs sans leçons. Embrassons-les.
Le détail existe, mais le diable est dans les détails. Laissons le bénéfice du doute aux maladroits qui nous ont blessés sans le vouloir, écartons ceux qui prennent du plaisir à la diablerie.
« Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail ». Léonard de Vinci.