J’ai commencé à noircir quelques pages pour vous parler de tout ce qui m’énerve en ce moment. À l’heure du confinement, les abrutis, eux, sont de sortie dites-moi !
J’avais commencé à vous parler des indécents, des opportunistes, des idiots, des égoïstes et des inconscients. Et puis je me suis rappelée que je n’étais pas irréprochable. Et que finalement, on fait tous ce qu’on peut face à une situation qu’on ne connaît pas.
J’ai aussi réalisé que la situation était grave, difficile, pour tout le monde. Et que nous avions tous besoin d’une échappatoire. De penser à autre chose.
Alors je me porte volontaire pour vous parler d’un tout autre sujet. Et les lignes qui suivent sont tous particulièrement adressées à tous mes lecteurs masculins. On va parler d’un sujet qui vous dégoute, d’un sujet tabou qui est l’objet de railleries permanentes. Vous me voyez venir ? Oui, on va parler des règles. Parce qu’il serait peut-être temps d’être solidaires, messieurs, sur ce grand sujet.
Vous ne pouvez plus, en 2020, ignorer ce que la moitié de la population vit chaque mois. C’est franchement pénible, parce que non seulement vous passez pour des égoïstes aux cœurs de pierre mais en plus on a vraiment du mal à vous croire quand vous jouez les gros durs alors qu’on sait que vous êtes dégoûtés par 3 gouttes de sang dans une culotte.
En plus à l’heure où je vous parle j’en suis à mon premier jour de règle, alors il n’en faut pas beaucoup pour m’énerver. Les hormones ? Non, la douleur.
Parce qu’à défaut de pouvoir prendre des anti-inflammatoires, je n’ai que ma bouillotte pour calmer la douleur. Et oui, je ne voudrais pas provoquer le méchant virus qui plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès !
Ce matin, mon chéri, compatissant, m’a demandé à quoi ressemblait la douleur des règles. Après tout, c’est une excellente question. Et c’est vrai qu’au final, vous ne vous rendez peut-être pas vraiment compte de ce que nous vivons chaque mois. Alors comme je suis plutôt sympa et qu’aujourd’hui j’ai du mal à penser à autre chose, je vais vous faire un dessin.
Reprenons les choses dans l’ordre.
Les règles, comme vous le savez c’est un cycle. Aussi, lorsque vous êtes une femme, votre corps vous prévient pour vous signaler l’arrivée des règles. Trop sympa !
Et il vous prévient de la plus délicate des façons. Quelques jour auparavant, il commence par planter de légères aiguilles dans votre poitrine, qui s’enfoncent un peu plus dès que vous êtes en mouvement ou pire, dès qu’on vous touche !
Mais ce n’est pas tout, au cas où le premier message ne soit pas clair, votre corps vous envoie tout un tas d’autres signaux. Il commence par des douleurs multiples dans les reins ou le bas du ventre qui s’apparentent à de petits poignards qui viendraient vous chatouiller délicatement. Puis, pour le fun, il ajoute à cela des maux de tête, des bouffées de chaleur, un ventre gonflé, et une humeur de chien.
Des prémices dignes d’un repas de famille qui tourne mal sous fond de concours de Yodel*.
Puis vient le jour J. Aaaaah le premier jour des règles. Le premier jour des règles c’est un confinement avec votre grande tante Micheline qui pense que vous menez une vie de débauchée parce que vous n’êtes pas mariée et que vous n’avez pas d’enfant « à votre âge ». Et ce, peu importe l’âge.
Ce jour-là, c’est un peu comme si le Capitaine Crochet essayait de vous arracher l’utérus. Ce jour-là vous avez l’impression que quelqu’un s’est infiltré dans vos entrailles pour refaire la déco. Un bon marouflage en règle, si vous me permettez le jeu de mot. Ce jour-là toute monnaie d’échange devient envisageable. Vous donneriez l’ensemble de votre famille, Tante Micheline en première ligne, contre votre douleur. Et je pèse mes mots.
Voilà, pour vous donner une idée quelque peu imagée de que l’on vit chaque mois.
Et malgré cela, nous nous levons, nous allons travailler et avec le sourire ! Alors messieurs, la prochaine fois qu’une amie, votre femme, votre sœur, votre collègue s’exprime sur le sujet, faites nous plaisir, rangez cette mine de dégoût au fond de votre poche, apportez-nous un p***** de Doliprane et applaudissez-nous.
Et à vous toutes qui allez devoir vous passer d’anti-inflammatoires pendant vos prochaines règles. Je suis de tout cœur avec vous. Force, courage, nous vaincrons.
*Pour tout savoir sur le Yodel, c’est par ici !